Quel est votre parcours professionnel ?

« J’ai exercé la profession d’avocat pendant 5 ans, puis j’ai occupé différents postes de juriste au sein d’une banque pendant une dizaine d’années. J’ai ensuite vécu trois ans à Singapour où j’ai eu d’autres expériences professionnelles dans l’enseignement notamment et où j’ai suivi un diplôme universitaire (DU) de criminologie à distance avec l’Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis. »

Quelles ont été vos motivations pour devenir magistrate exerçant à titre temporaire ?

« C’est la découverte du système judiciaire de Singapour, très différent du nôtre et que j’ai étudié dans le cadre de mon DU, qui m’a fait réaliser l’importance de conserver l’équilibre et les principes qui gouvernent notre système judiciaire français, et j’ai cherché les manières d’y contribuer. J’ai alors découvert la possibilité, pour des personnes issues de la société civile, d’exercer des fonctions judiciaires, et j’ai pensé que mes expériences professionnelles et les différents réflexes, pratiques et perspectives qu’elles impliquaient, pouvaient peut-être m’aider à assumer ces fonctions. »

Les MTT sont des juges non professionnels formés par l’ENM depuis 2018, au rythme de 2 promotions par an. Ils suivent 10 jours d’enseignement théorique, puis ils prêtent serment avant d’effectuer un stage probatoire de 40 à 80 jours en juridiction, et de pouvoir exercer leurs fonctions. Ensuite, ils bénéficient d’une formation continue de 5 jours par an la première année et de 3 jours par an les suivantes. En savoir plus : bit.ly/35sJ51f

Où avez-vous effectué votre stage probatoire ? Pendant combien de temps ? En quoi est-il essentiel, selon vous, pour exercer vos nouvelles fonctions ?

« Après la formation théorique à l’ENM, j’ai effectué un stage probatoire de 40 jours au sein du tribunal judiciaire de Grenoble, où j’ai été particulièrement bien accueillie. Ce stage m’a permis de confronter mon projet aux exigences concrètes des fonctions judiciaires, qu’il s’agisse de la rédaction de jugement dans des domaines éloignés de mes compétences passées, de la tenue d’une audience avec les impératifs de respect du contradictoire et de pédagogie ou de la confrontation quotidienne avec des situations humaines et sociales difficiles. Le stage est donc une période durant laquelle il faut s’adapter, écouter et s’interroger quotidiennement. »

Quel message souhaiteriez-vous passer aux futurs stagiaires MTT ?

« Le stage est une période intense ! C’est à la fois enthousiasmant de par la découverte des fonctions et du monde judiciaire et difficile car, s’agissant d’un stage probatoire, il s’agit de démontrer qu’à terme nous pouvons exercer ces fonctions judiciaires. Il faut être à l’écoute, profiter de toutes les occasions données pour observer la pratique des magistrats qui nous entourent, qu’il s’agisse des audiences ou de la rédaction de jugement. Il convient de ne pas perdre de vue les attendus du stage (nombre de jugements à rédiger ou d’audiences à présider notamment) et pour que le stage soit pleinement profitable, je pense qu’il est important de noter chaque jour les audiences auxquelles on a participé, les apports des entretiens que l’on a eus avec les magistrats rencontrés, les réflexions qui nous sont venues ou que l'on nous a faites. Entre stagiaires de ma promotion, nous sommes restés en contact pour nous encourager et il ressort aussi de ces échanges que chaque stage est différent car toutes les juridictions n’accueillent pas régulièrement des stagiaires MTT. C’est une expérience particulière après une vie professionnelle plus ou moins longue de tout recommencer en qualité de “novice”, mais c’est surtout une grande chance. »

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