L’égalité professionnelle dans l’offre de formation continue

Deux sessions dédiées

La thématique n’est pas nouvelle dans l’offre de formation continue de l’ENM, mais elle a pris de l’ampleur après la publication en mars 2019, par le ministère de la Justice, d’un premier baromètre de l’Égalité Femmes-Hommes sur l'accès des femmes et des hommes aux postes de hiérarchie. En 2020, l’École nationale de la magistrature a ainsi créé, en partenariat avec l’Institut national du service public (ex ENA) et le Réseau des écoles de service public (RESP), une formation interprofessionnelle de 3 jours intitulée « Égalité professionnelle et stratégie RH : objectifs, leviers, outils individuels et collectifs » ouverte à 15 magistrats, 10 administrateurs civils et 10 agents publics du RESP. La session 2022, qui se déroulera du 23 au 25 mars prochain, permettra aux participants d’échanger sur les leviers d’action pour la posture des femmes, à travers notamment plusieurs ateliers : « Développer son assertivité », « La confiance en soi est-elle sexuée ? », « Cultiver la bonne attitude pour prendre de l’altitude » et « Leadership / empowerment ».

Par ailleurs, une formation intitulée « Les leviers d'action pour encourager la carrière des femmes : retour d'expériences », proposée chaque année par l’Institut national du service public, est ouverte aux magistrats au titre de la formation continue.

« Le caractère interprofessionnel de ces sessions montre qu’il s’agit d’une problématique commune à l’ensemble de la fonction publique. La formation, qui peut susciter des ambitions, participe ainsi de l’accompagnement de la carrière des femmes, de plus en plus nombreuses au sein du corps, avec le relais indispensable de la direction des services judiciaires qui recrute et nomme les magistrats professionnels », explique Élodie Malassis, sous-directrice de la formation continue de l’ENM.

Sensibiliser les managers

L’un des enjeux, pour l’ENM, est aussi de sensibiliser les managers ou futurs managers à la question de l’égalité professionnelle dans les juridictions.

C’est pourquoi le thème de l’égalité professionnelle est abordé au cours de la formation continue sur la gouvernance humaine des juridictions créée en 2019, qui se tiendra cette année en mai, mais aussi dans le cadre du cycle approfondi d’études judiciaires – permettant de développer des compétences d’encadrement et de direction –, au cours du module relatif à la gestion des ressources humaines dans la justice. Comme l’an dernier, Isabelle Rome, haute fonctionnaire à l’égalité femmes-hommes du ministère de la Justice, interviendra ainsi à l’ENM sur le thème : « Égalité et parité : l’action au sein du ministère de la Justice » en mai prochain.

« Il nous a semblé que cette problématique était en effet indispensable et incontournable pour les magistrats qui aspirent à des fonctions d’encadrement. Nous avons donc intégré aux enseignements du nouveau cycle approfondi à l’administration, à la gestion et au management (CAGEM) de l’ENM les sessions sur la gouvernance humaine des juridictions et “Égalité professionnelle et stratégie RH”, que les inscrits peuvent choisir de suivre », souligne Élodie Malassis.

Des actions ponctuelles de formation continue déconcentrée

Les magistrats peuvent également se former à ces questions en participant à des sessions de formation continue déconcentrée sur cette thématique. L’une d’elles est organisée ce 9 mars, dans les locaux bordelais de l’ENM, par la délégation Sud-Ouest de l’association Femmes de Justice. Dédiée à la conciliation des temps de vie, elle sera suivie par 10 magistrats, 15 agents publics du ministère de la Justice et 11 avocats.

Un cycle de formation sur le thème de l’égalité femmes-hommes se déroule également cette année à la cour d’appel d’Amiens, incluant toute une séquence sur le thème de l’égalité professionnelle. Ce cycle de 3 demi-journées a notamment pour ambition d’analyser la persistance de rôles sociaux distincts et leurs effets dans le monde professionnel ainsi que dans les interactions entre les hommes et les femmes.

Mise en lumière des grandes figures féminines de la justice

Des podcasts réalisés par des élèves magistrates

En formation initiale, Béatrice Berger, Séverine Gonnot, Louise Estève et Jennifer Ivart, auditrices de justice, ont décidé de réaliser des podcasts sur les grandes figures féminines de la justice dans le cadre des activités collectives de la promotion 2021. « En octobre dernier, nous avons envoyé un sondage aux élèves magistrats de notre promotion, auquel plus de 200 d’entre eux ont répondu : quand nous leur avons demandé de citer une grande figure de justice, plus de 90% ont spontanément cité un homme, et quand nous leur avons demandé de citer une femme, nous avons remarqué qu’il y avait finalement assez peu de diversité dans les réponses, qui mettaient très majoritairement Simone Veil à l’honneur », expliquent-elle.

Depuis, les 4 auditrices ont effectué de nombreuses interviews, notamment de Gwenola Joly-Coz, première présidente de la cour d’appel de Poitiers, Isabelle Rome, haute fonctionnaire à l’égalité femmes-hommes auprès du ministère de la Justice, Nathalie Roret, directrice de l’ENM et première femme à diriger l’École depuis sa création en 1958, Sonya Djemni-Wagner, inspectrice générale de la justice, ou encore Véronique Sousset, directrice des services pénitentiaires à la tête du centre pénitentiaire pour femmes de Rennes. Des entretiens durant lesquels elles ont mis en avant les grandes femmes de justice sous l’angle historique, ou encore abordé le plafond de verre, la féminisation du corps et les biais de jugement, la façon dont le ministère de la Justice s’est saisi de la question de l’égalité professionnelle dans sa politique de ressources humaines…

« Nous avons été happées par ce sujet passionnant ! », assurent-elles. Reste désormais à monter les 9 heures d’interviews qu’elles ont enregistrées avant de diffuser ce podcast aux élèves magistrats des différentes promotions. « Nous aimerions beaucoup que la promotion 2022 poursuive ce projet en réalisant de nouveaux épisodes », confient-elles encore. L’appel est lancé…

Une récompense pour des travaux sur la place des femmes dans l’histoire de la magistrature

Interviewée dans le cadre de ce podcast, Gwenola Joly-Coz a elle aussi mis à l’honneur des femmes magistrates dans ses travaux sur la place des femmes dans l’histoire de la magistrature, depuis la loi du 11 avril 1946 ouvrant le corps à « l’un et l’autre sexe ». C’est pourquoi Nathalie Roret, directrice de l’ENM, a choisi ce 8 mars, journée internationale des droits de la femme, pour que lui soit remis dans le cadre du Grand prix de l’ENM, une mention spéciale distinguant ses 12 portraits de pionnières de l’histoire judiciaire aux noms et parcours trop méconnus. Ces derniers donneront lieu à un cycle de 3 conférences de la Cour de cassation, en partenariat avec l’ENM et l’Association française pour l’histoire de la Justice : le 11 avril prochain sur l’entrée des femmes dans la magistrature, le 13 juin sur l’engagement des femmes pour la justice, et le 12 septembre sur l’accès des femmes aux postes à responsabilité.

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